L'expression de monde arabe (العالم العربي, al-ʿālam al-ʿarabiy) désigne un ensemble de pays couvrant l'Arabie (Péninsule arabique), l'Afrique du Nord et le Proche-Orient, ayant en commun la langue arabe et une composante ethnique arabe (ou arabisée) dominante. Bien qu'assez largement utilisé, ce terme ne renvoie pas à une liste définie de pays, et à la différence de la Ligue arabe par exemple, elle n'est pas une entité politique formelle. On peut néanmoins considérer plusieurs critères1 pour rattacher un État au monde arabe : l'importance de la langue arabe, de l'Islam (même si de nombreux pays musulmans se trouvent en dehors du monde arabe2), sa localisation (critère géographique) ou enfin l'appartenance à la Ligue arabe (critère politique). Critère linguistique Extension géographique de l'arabe contemporain. Le monde arabe englobe les pays ayant comme langue officielle (ou co-officielle) la langue arabe. Selon ce critère, le monde arabe correspond globalement à vingt-trois États, de la république islamique de Mauritanie à l'ouest, au sultanat d'Oman à l'est dont l'Arabe porte également le statut de langue officielle. La diffusion de la langue arabe est due en majeure partie à l'expansion de l'islam à partir de l'Arabie au VIIe siècle. Toutefois, La linguistique distingue différents registres de la langue arabe. La diglossie oppose langue littéraire et langues vernaculaires. Il existe des langues vernaculaires orales, différentes l’une de l'autre dans chaque région, et influencées par l’arabe standard sont appelées arabe dialectal, les substrats, superstrats et emprunts différant selon les régions. Ces langues vernaculaires sont utilisées majoritairement au quotidien par les arabophones. Critère religieux La Grande Mosquée de Kairouan est parmi les plus importants édifices religieux du monde arabe, elle est située à Kairouan en Tunisie. Un autre critère est le partage de la culture musulmane issue de l'époque de l'expansion de l'islam. Les multiples variantes de l'arabe dialectal sont employées au quotidien par les habitants de ces pays et l'islam est la religion la plus largement pratiquée. Cependant, bien que l'islam soit la religion prédominante dans le monde arabe, ce dernier ne doit pas être confondu avec le monde musulman, puisque de nombreuses minorités de langue arabe ne sont pas de religion musulmane, et que de nombreuses populations majoritairement musulmanes ne pratiquent pas la langue arabe (sept parmi les dix pays comportant le plus de musulmans ne sont pas arabes, par exemple, et entre autres, en Iran, au Pakistan, et en Indonésie)3. Critère géographique Les pays du monde arabe sont généralement regroupés par les géographes en cinq espaces régionaux4 : Maghreb : Mauritanie, Sahara occidental, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye ; Vallée du Nil : Égypte et Soudan ; Corne de l'Afrique : Djibouti, Somalie et Comores ; Croissant fertile : Palestine, Liban, Jordanie, Syrie et Irak ; Péninsule Arabique : Arabie saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Koweït. Ils sont parfois regroupés en deux espaces régionaux, sans les pays de la Corne de l'Afrique5 : Maghreb, le couchant : Mauritanie, Sahara occidental, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye ; Machrek, le levant : Égypte, Soudan, Palestine, Liban, Jordanie, Syrie, Irak, Arabie saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Koweït. Critère politique Article détaillé : Ligue arabe. Liste des membres de la ligue arabe : Drapeau de l'Algérie Algérie (arabe : الجزائر al-Jazāʾir) Drapeau de Bahreïn Bahreïn (arabe : البحرين al-Baḥrayn) Drapeau des Comores Comores (arabe : جزر القمر Juzur al-Qamar) Drapeau de Djibouti Djibouti (arabe : جيبوتي Djībūtī ) Drapeau de l'Égypte Égypte (arabe : مصر Miṣr) Drapeau de l'Irak Iraq (arabe : العراق al-ʿIrāq) Drapeau de la Jordanie Jordanie (arabe : الأردن al-ʾUrdun) Drapeau du Koweït Koweït (arabe : الكويت al-Kuwayt) Drapeau du Liban Liban (arabe : لبنان Lubnān) Drapeau de la Libye Libye (arabe : ليبيا Lībyā) Drapeau de la Mauritanie Mauritanie (arabe : موريتانيا Mōrītānyā) Drapeau du Maroc Maroc (arabe : المغرب al-Maġrib) Drapeau d'Oman Oman (arabe : عمان ʿUmān) Drapeau de la Palestine Palestine (arabe : فلسطين Falastyn) Drapeau du Qatar Qatar (arabe : قطر Qaṭar) Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite (arabe : المملكة العربية السعودية al-Mamlakah al-ʿArabiyyah as-Saʿūdiyyah) Drapeau de la Somalie Somalie (arabe : الصومال aṣ-Ṣūmāl) Drapeau du Soudan Soudan (arabe : السودان as-Sūdān) Drapeau de la Syrie Syrie (arabe : سوريا Sūryā) Drapeau de la Tunisie Tunisie (arabe : تونس Tūnis) Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis (arabe : الإمارات العربيّة المتّحدة al-ʾImārāt al-ʿArabiyyah al-Muttaḥidah) Drapeau du Yémen Yémen (arabe : اليمن al-Yaman) Carte des pays de la Ligue arabe Vingt-deux pays arabes, rassemblant 20 % des musulmans[réf. souhaitée] sont représentés au sein de la Ligue arabe, Un organisme politique dont le siège est au Caire6. La simultanéité des révoltes du « Printemps arabe » peuvent s'expliquer par les régimes politiques du monde arabe : monarchies (Maroc, Jordanie, plusieurs États de la péninsule arabique) ou républiques (dont deux en Syrie et en Libye ont un régime à parti unique) sont caractérisées par une opposition muselée et une forte répression, une économie dans les mains de clans restreints proches du pouvoir, une corruption élevée (voir carte du monde de l'indice de perception de la corruption), une jeunesse nombreuse (les moins de quinze ans représentent le quart de la population totale), éduquée et diplômée (taux d'alphabétisation supérieur à 80 % dans certains pays) mais fortement touchée par le chômage de longue durée (taux de chômage moyen de 23 % pour les 15-25 ans) car le monde du travail est fermé. Cette jeunesse du monde arabe, demandeuse de libertés car ayant le sentiment d'être méprisée par les élites politiques ou économiques, a en commun dans tous les pays de retrouver sa dignité lors des révoltes en 20117. De plus, au niveau politique, la notion de « monde arabe » est fortement contestée par les nationalistes arabes qui lui préfèrent le terme de « nation arabe ». Selon eux, ce terme exprimerait l'idée que les Arabes forment une nation unie contrairement terme de « monde arabe ». Ainsi l'intellectuel palestinien, Naji Alloush explique que « le terme de « nation arabe » signifie que la nation est une et que l’unité arabe est inéluctablement en devenir. En revanche, l’expression « monde arabe » est un terme colonial d’origine britannique. Il sous-entend que la nation arabe peut-être sujette à l’unité comme à la division. Il signifie également que cette nation arabe est plus proche et davantage prédisposée à la division »8. Né à la fin du XIXe siècle, le nationalisme arabe tend à s'amoindrir. Difficultés de définition Dans trois pays membres de la Ligue Arabe, Somalie, Djibouti et Comores, la langue arabe est très peu utilisée au quotidien et les seules populations qui se déclarent « arabes » dans ces trois pays vivent dans les grandes villes et sont principalement commerçantes. Dans des pays non membres de la Ligue Arabe, des territoires sont majoritairement arabophone comme au Tchad, au Niger, au Mali, en Turquie et en Iran. D'autres pays ont depuis des siècles des communautés arabophones en zone rurale comme le Sénégal, le Soudan du Sud et le Cameroun, ou en villes Érythrée, Éthiopie, République centrafricaine, Kenya, Tanzanie. Démographie En 2014, la population totale du monde arabe est d'environ 378 millions d'habitants (voir Ligue arabe#Tableau comparatif). Le pays arabe le plus peuplé est l'Égypte avec 87 millions d'habitants. Minorités ethniques Dans plusieurs pays arabes vivent des minorités ethniques et religieuses. Les communautés non arabes sont largement arabisées, mais continuent de revendiquer leur spécificité et leur identité. Les communautés les plus importantes sont les Berbères au Maghreb et les Kurdes et les Arméniens au Machrek9. La cohabitation avec la majorité arabe est globalement pacifique. Mais le triomphe des régimes nationalistes après les indépendances et la construction des nations arabes modernes ont conduit à des conflits internes dans certains pays10. Au Maghreb, les berbérophones sont estimés aujourd'hui à plus de 30 % de la population du Maroc (Chleuhs, Amazighes et Rifains) et à plus de 20 % de la population de l’Algérie (principalement, Kabyles et Chaouis)9. Le reste de la population est principalement berbère plus ou moins arabisée. En Algérie, à la suite des revendications berbères, un Haut Commissariat à l'Amazighité existe depuis 1995. Le tamazight est une langue nationale depuis 2002. Au Maroc, il est une langue officielle depuis 20119. En Algérie, il n’existe pas de formation formée autour des communautés berbères, les partis dit « kabyle » comme le RCD et FFS, militent parfois pour les revendications berbères, mais ne sont pas des partis communautaires. Toutefois, les revendications sont accompagnées du refus de l’arabisme et l’islamisme10. Les Touaregs qui font partie de l’ensemble linguistique berbère, sont présents au Sud de deux États : l’Algérie et la Libye ; en plus des États voisins, du Sahel où ils sont à l’origine de nombreuses rébellions11. Au Moyen-Orient, les Kurdes vivent dans deux pays arabes : l’Irak et la Syrie. Les communautés de ses deux pays sont souvent scolarisées en langue arabe qui constitue leur langue de travail et de culture, même s'ils préservent la langue et les traditions ethniques12. L'Irak est confronté à un conflit ethnique qui oppose les Arabes aux Kurdes qui représentent six millions de personnes concentrés dans le Kurdistan irakien. Les Kurdes ont vécu une campagne de répression et d’extermination sous la présidence de Saddam Hussein10. Ils parviennent à établir une zone autonome dans le Nord de l'Irak à la suite de la guerre du Golfe13. La Constitution irakienne de 2005 reconnait une large autonomie au Kurdistan irakien et un kurde, Jalal Talabani est même élu président de la République13. Les pays du Machrek abritent également une forte communauté arménienne formée majoritairement de chrétiens orthodoxes qui se sont installés dans la région après le génocide de 1915 principalement à Alep en Syrie, Beyrouth au Liban et Alexandrie en Égypte12. Ils s’intègrent pacifiquement, tout en préservant leur langue et leur culture. Toutefois dans les années 1970, beaucoup d’Arméniens de Syrie et de Liban émigrent en Europe et en Amérique du Nord12. |
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